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Céline
Re: Céline
Les idées de Céline étaient pourtant paradoxales envers les Hommes.sargel38 a écrit:je ne crois pas qu'on puisse dire autre chose que
-oui Céline a défendu des idées politiques abominables
-et oui Céline est, avec Proust, à mon avis l'un des 2 + grands écrivains de langue française du XXe siècle
par contre je ne crois pas du tout qu'il déteste ou méprise l'humanité car sa vie comme médecin de dispensaire en témoigne et le Voyage me semble plein de tendresse; je pense plutôt à la chanson "C'est ainsi que les hommes vivent"
Oui il a soigné, sauvé beaucoup de gens, il a prêté serment et a dit exercer la médecine dans la plus grande douceur, ayant toujours refusé toute forme de violence.
Dans "Voyage au bout de la nuit" il fut le porte-parole des milieux populaires, des laissés-pour-compte, et pourtant, on pouvait déjà entrevoir ses idées sur l'humanité qui furent par la suite plus que controversées quand développées.
Peut-être ai-je été déjà influencée avant cette lecture par ce que je savais de lui.
Mais son caractère n'a pas pour autant terni son talent d'écriture qui est indéniable.
Re: Céline
Je ne sais pourquoi je n'ai tjs pas lu du CélineSao Mai a écrit:Face à la dictature de la bienséance peut-on encore lire Céline aujourd’hui ?
Longtemps censuré, il a fait sa réapparition, il y a quelques années, à l’agrégation de lettres.
On ne peut envisager Céline écrivain sans avoir à l’esprit le Céline pamphlétaire d’après le « Voyage ».
Beaucoup condamnent Céline sans jamais n’avoir eu une ligne de cet écrivain. Ils ont entendu parler de l’antisémitisme abject [et bien réel] de Céline, et refusent la lecture du Voyage.
Malraux tranche la question de façon très binaire en disant que Céline était un pauvre type et un grand écrivain !
Le lien entre roman et pamphlets semble tenir dans la colère, la rage, la haine : l’écriture pamphlétaire est une écriture passionnelle, une écriture de l’affect.
Re: Céline
N'ayant jamais lu cet auteur, je m'abstiendrai d'en parlerEtaine a écrit:Les idées de Céline étaient pourtant paradoxales envers les Hommes.sargel38 a écrit:je ne crois pas qu'on puisse dire autre chose que
-oui Céline a défendu des idées politiques abominables
-et oui Céline est, avec Proust, à mon avis l'un des 2 + grands écrivains de langue française du XXe siècle
par contre je ne crois pas du tout qu'il déteste ou méprise l'humanité car sa vie comme médecin de dispensaire en témoigne et le Voyage me semble plein de tendresse; je pense plutôt à la chanson "C'est ainsi que les hommes vivent"
Oui il a soigné, sauvé beaucoup de gens, il a prêté serment et a dit exercer la médecine dans la plus grande douceur, ayant toujours refusé toute forme de violence.
Dans "Voyage au bout de la nuit" il fut le porte-parole des milieux populaires, des laissés-pour-compte, et pourtant, on pouvait déjà entrevoir ses idées sur l'humanité qui furent par la suite plus que controversées quand développées.
Peut-être ai-je été déjà influencée avant cette lecture par ce que je savais de lui.
Mais son caractère n'a pas pour autant terni son talent d'écriture qui est indéniable.
Re: Céline
Ce que tu dis là mérite quelques explications me semble t-il!!!!Etaine a écrit:On peut mépriser le genre humain par regard avisé sans pour autant être mauvais envers ses congénères, surtout les plus faibles.Sao Mai a écrit:Ce n’est pas tout à fait exact, au travers de « Voyage » Céline exprime une compassion pour les pauvres et les-laissés-pour compte de la société.
Et cela vaut pour tous, comment peut-on "mépriser le genre humain" et ne pas être mauvais envers ce même genre humain???
Il y a me semble t-il, forte contradiction entre ces deux "positions".
Re: Céline
Les humains sont pleins de paradoxes.Alpha a écrit:Ce que tu dis là mérite quelques explications me semble t-il!!!!Etaine a écrit:On peut mépriser le genre humain par regard avisé sans pour autant être mauvais envers ses congénères, surtout les plus faibles.Sao Mai a écrit:Ce n’est pas tout à fait exact, au travers de « Voyage » Céline exprime une compassion pour les pauvres et les-laissés-pour compte de la société.
Et cela vaut pour tous, comment peut-on "mépriser le genre humain" et ne pas être mauvais envers ce même genre humain???
Il y a me semble t-il, forte contradiction entre ces deux "positions".
Re: Céline
ancien a écrit:Céline était un facho
voilà! et ça résume tout: l'homme privé, l'écrivain: dès qu'on a dit "facho" plus besoin de réfléchir
Re: Céline
Il faut peut-être revenir en arrière et comprendre dans quel contexte le Voyage paraît.
À l’issue de la première guerre mondiale le premier souci du lectorat et de l’écrivain est d’oublier cette guerre et d’occulter ce qui vient d’avoir lieu. Les écrivains se retirent dans une littérature de scènes de vie faciles pour se remettre du traumatisme qu’est la guerre. On pourrait l’appeler littérature de consommation alors que Céline propose une littérature de sommation.
Jusqu’aux années 30 cette occultation se poursuit et la convocation qui s’opère auprès des écrivains est à mettre en rapport avec les phénomènes qui sont extra esthétiques, c’est-à-dire économiques et politiques.
Au moment de la crise de 1929, au moment où les rumeurs totalitaires sont de plus en plus inquiétantes, au moment où commence la déflation, quand Laval arrive au pouvoir, le roman et les romanciers en particulier et aussi les essayistes entrent en liste et s’alarment.
Quelques noms :
Valéry pose la question de l’historicité de la civilisation européenne, Aaron la décadence de la nation française, Gide qui revient du Congo dénonce la colonisation. Bernanos est séduit par l’Action Française, Nizan, Aragon, Éluard entrent au PC
Un certain nombre de militants se déclarent antifascistes : Rolland, Barbusse, Gide, Malraux et Céline qu’il serait juste de dire qu’il est un anarchisme de droite.
On peut parler aussi du roman populiste qui est important. Céline rend, dans le nom de
Bardamu, hommage à trois écrivains populistes : Barbusse, Daby et Ramuz.
Le roman populiste est un roman qui se revendique naturaliste c’est-à-dire devant représenter le monde des petites gens dans une langue claire, intelligible avec l’idée que le peuple est éducable. C’est un roman moraliste, il assigne au peuple la mission d’incarner la vertu. Ce roman populiste vise le roman esthétique décadent : Proust par exemple.
C’est dans ce contexte que paraît Voyage au bout de la nuit.
Le style de roman auquel appartient Voyage lorsqu’il parle de la première guerre mondiale est un roman en crise totale. Céline dit de façon logique qu’on ne peut plus écrire après la guerre comme on écrivait avant. La guerre représente une telle rupture et une telle fracture qu’elle a déconstruit la possibilité de tenir un discours logique. Il n’y a qu’une seule expression possible : le cri de l’âme. Un roman sorti des tripes, un cri de l’âme et non plus un discours sur le monde ou une fable du monde organisé linéairement est intelligible du point de vue de la langue.
Céline écrit à Léon Daudet : « j’écris comme je sens… ». Telle écriture apparaît déjà dans Voyage et sera de plus en plus évidente à mesure que les œuvres se succéderont.
À l’issue de la première guerre mondiale le premier souci du lectorat et de l’écrivain est d’oublier cette guerre et d’occulter ce qui vient d’avoir lieu. Les écrivains se retirent dans une littérature de scènes de vie faciles pour se remettre du traumatisme qu’est la guerre. On pourrait l’appeler littérature de consommation alors que Céline propose une littérature de sommation.
Jusqu’aux années 30 cette occultation se poursuit et la convocation qui s’opère auprès des écrivains est à mettre en rapport avec les phénomènes qui sont extra esthétiques, c’est-à-dire économiques et politiques.
Au moment de la crise de 1929, au moment où les rumeurs totalitaires sont de plus en plus inquiétantes, au moment où commence la déflation, quand Laval arrive au pouvoir, le roman et les romanciers en particulier et aussi les essayistes entrent en liste et s’alarment.
Quelques noms :
Valéry pose la question de l’historicité de la civilisation européenne, Aaron la décadence de la nation française, Gide qui revient du Congo dénonce la colonisation. Bernanos est séduit par l’Action Française, Nizan, Aragon, Éluard entrent au PC
Un certain nombre de militants se déclarent antifascistes : Rolland, Barbusse, Gide, Malraux et Céline qu’il serait juste de dire qu’il est un anarchisme de droite.
On peut parler aussi du roman populiste qui est important. Céline rend, dans le nom de
Bardamu, hommage à trois écrivains populistes : Barbusse, Daby et Ramuz.
Le roman populiste est un roman qui se revendique naturaliste c’est-à-dire devant représenter le monde des petites gens dans une langue claire, intelligible avec l’idée que le peuple est éducable. C’est un roman moraliste, il assigne au peuple la mission d’incarner la vertu. Ce roman populiste vise le roman esthétique décadent : Proust par exemple.
C’est dans ce contexte que paraît Voyage au bout de la nuit.
Le style de roman auquel appartient Voyage lorsqu’il parle de la première guerre mondiale est un roman en crise totale. Céline dit de façon logique qu’on ne peut plus écrire après la guerre comme on écrivait avant. La guerre représente une telle rupture et une telle fracture qu’elle a déconstruit la possibilité de tenir un discours logique. Il n’y a qu’une seule expression possible : le cri de l’âme. Un roman sorti des tripes, un cri de l’âme et non plus un discours sur le monde ou une fable du monde organisé linéairement est intelligible du point de vue de la langue.
Céline écrit à Léon Daudet : « j’écris comme je sens… ». Telle écriture apparaît déjà dans Voyage et sera de plus en plus évidente à mesure que les œuvres se succéderont.
Re: Céline
Le style de roman auquel appartient Voyage lorsqu’il parle de la première guerre mondiale, est un roman en crise totale. Céline dit de façon logique qu’on ne peut plus écrire après la guerre comme on écrivait avant. La guerre représente une telle rupture et une telle fracture qu’elle a déconstruit la possibilité de tenir un discours logique. Il n’y a qu’une seule expression possible : le cri de l’âme. Un roman sorti des tripes, un cri de l’âme et non plus un discours sur le monde, ou une fable du monde, organisé linéairement et intelligible du point de vue de la langue.
Céline écrit à Léon Daudet : « j’écris comme je sens… ». Telle écriture apparaît déjà dans Voyage et sera de plus en plus évidente à mesure que les œuvres se succéderont.
Céline écrit à Léon Daudet : « j’écris comme je sens… ». Telle écriture apparaît déjà dans Voyage et sera de plus en plus évidente à mesure que les œuvres se succéderont.
Re: Céline
Certainement vrai mais je trouve cela un peu court comme explication.Etaine a écrit:Les humains sont pleins de paradoxes.Alpha a écrit:Ce que tu dis là mérite quelques explications me semble t-il!!!!Etaine a écrit:
On peut mépriser le genre humain par regard avisé sans pour autant être mauvais envers ses congénères, surtout les plus faibles.
Et cela vaut pour tous, comment peut-on "mépriser le genre humain" et ne pas être mauvais envers ce même genre humain???
Il y a me semble t-il, forte contradiction entre ces deux "positions".
Toi même dans ton fil d'entrée, tu dis:" Beaucoup condamnent Céline sans jamais n’avoir eu une ligne de cet écrivain. Ils ont entendu parler de l’antisémitisme abject [et bien réel] de Céline, et refusent la lecture du Voyage."
Que faut-il comprendre???
Ceux qui "condamnent" Céline le font-ils sur ce qu'il a écrit ou sur son comportement en tant qu'homme???
Il y a plein d'autres écrivains qui pour des raisons diverses et variées ont été critiqués, vilipendés en leur temps, le tout est de savoir pourquoi!!!!
Ensuite, tu sais très bien que je peux apprécier un ouvrage et toi le détester, que ce soit "le voyage" ou pas.
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