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Céline
Céline
Face à la dictature de la bienséance peut-on encore lire Céline aujourd’hui ?
Longtemps censuré, il a fait sa réapparition, il y a quelques années, à l’agrégation de lettres.
On ne peut envisager Céline écrivain sans avoir à l’esprit le Céline pamphlétaire d’après le « Voyage ».
Beaucoup condamnent Céline sans jamais n’avoir eu une ligne de cet écrivain. Ils ont entendu parler de l’antisémitisme abject [et bien réel] de Céline, et refusent la lecture du Voyage.
Malraux tranche la question de façon très binaire en disant que Céline était un pauvre type et un grand écrivain !
Le lien entre roman et pamphlets semble tenir dans la colère, la rage, la haine : l’écriture pamphlétaire est une écriture passionnelle, une écriture de l’affect.
Longtemps censuré, il a fait sa réapparition, il y a quelques années, à l’agrégation de lettres.
On ne peut envisager Céline écrivain sans avoir à l’esprit le Céline pamphlétaire d’après le « Voyage ».
Beaucoup condamnent Céline sans jamais n’avoir eu une ligne de cet écrivain. Ils ont entendu parler de l’antisémitisme abject [et bien réel] de Céline, et refusent la lecture du Voyage.
Malraux tranche la question de façon très binaire en disant que Céline était un pauvre type et un grand écrivain !
Le lien entre roman et pamphlets semble tenir dans la colère, la rage, la haine : l’écriture pamphlétaire est une écriture passionnelle, une écriture de l’affect.
Re: Céline
Lorsqu’il parle de la première guerre mondiale, sujet du Voyage, Céline dit de façon logique qu’on ne peut plus écrire après la guerre comme on écrivait avant. La guerre représente une grande rupture et une grande fracture.
Le Voyage est un roman puissant non seulement par ce qui est dit mais par la façon dont c’est dit. L’idée de Céline c’est qu’on ne peut plus appréhender la vie, l’histoire qu’à travers le désordre des affects et le traumatisme psychique causés par cette guerre.
Céline n’est pas tourné vers l’avenir, il est plus nourri par la déception et la désillusion.
Il y a un point commun entre Aragon (Aurélien) et Céline c’est la décadence de la bourgeoisie française, la mise en question de la démocratie libérale.
L’idée d’Aragon c’est de se réinsérer après la guerre dans une vie sociale, alors que l’idée de Céline n’est pas tant de se réinsérer dans la vie sociale, où il se débrouille, mais de se réinsérer dans la vie tout court et de se sentir vivant.
C’est dans ce contexte que paraît le Voyage qui produit une véritable déflagration. C’est un roman autant salué par les conservateurs catholiques, par l’extrême droite et par l’extrême gauche.
C’est un cri d’alarme que lance Céline, tout le monde en reconnaît l’urgence. Il y a suffisamment de paradoxe et de violence dans le roman pour qu’un communiste et un pré fasciste célèbrent le même texte.
Le Voyage est un roman puissant non seulement par ce qui est dit mais par la façon dont c’est dit. L’idée de Céline c’est qu’on ne peut plus appréhender la vie, l’histoire qu’à travers le désordre des affects et le traumatisme psychique causés par cette guerre.
Céline n’est pas tourné vers l’avenir, il est plus nourri par la déception et la désillusion.
Il y a un point commun entre Aragon (Aurélien) et Céline c’est la décadence de la bourgeoisie française, la mise en question de la démocratie libérale.
L’idée d’Aragon c’est de se réinsérer après la guerre dans une vie sociale, alors que l’idée de Céline n’est pas tant de se réinsérer dans la vie sociale, où il se débrouille, mais de se réinsérer dans la vie tout court et de se sentir vivant.
C’est dans ce contexte que paraît le Voyage qui produit une véritable déflagration. C’est un roman autant salué par les conservateurs catholiques, par l’extrême droite et par l’extrême gauche.
C’est un cri d’alarme que lance Céline, tout le monde en reconnaît l’urgence. Il y a suffisamment de paradoxe et de violence dans le roman pour qu’un communiste et un pré fasciste célèbrent le même texte.
Re: Céline
Louis-Ferdinand Céline a voulu avant tout à travers son roman "Voyage au bout de la nuit" exprimer son mépris pour l'humanité.
Re: Céline
Ce n’est pas tout à fait exact, au travers de « Voyage » Céline exprime une compassion pour les pauvres et les-laissés-pour compte de la société.
Re: Céline
Louis Ferdinand Destouches, dit Céline, naît en 1894 dans un milieu de petits commerçants précarisés par la modernité. Son trajet biographique est transposé sur le personnage de Bardamu dans « Voyage au bout de la nuit ».
Après la guerre et les voyages, il s’installe comme médecin des pauvres.
« Voyage » est suivi de « Mort à crédit » en 1936, puis trois romans, qui sont des romans problématiques de Céline pour des raisons idéologiques : trois pamphlets « Bagatelles pour un massacre, 1937, L’Ecole des cadavres, 1939, Les Beaux Draps 19141 ».
Pendant la guerre Céline est condamné en justice, relaxé par Vichy, exilé à Sigmaringen en 44, frappé d’indignité nationale en 1950, puis amnistié en 1951. Il a eu le temps et l,énergie, (qui est un des moteurs capital pour comprendre Céline), d’écrire « Féérie pour une autre fois, D’un château l’autre, Nord, Rigodon ».
Il meurt en 1961.
La puissance de fascination qu’exerce un roman comme « Voyage » n’est pas usée. Elle continue à s’exercer même si l’on est profondément choqué par bagatelles pour un massacre.
Après la guerre et les voyages, il s’installe comme médecin des pauvres.
« Voyage » est suivi de « Mort à crédit » en 1936, puis trois romans, qui sont des romans problématiques de Céline pour des raisons idéologiques : trois pamphlets « Bagatelles pour un massacre, 1937, L’Ecole des cadavres, 1939, Les Beaux Draps 19141 ».
Pendant la guerre Céline est condamné en justice, relaxé par Vichy, exilé à Sigmaringen en 44, frappé d’indignité nationale en 1950, puis amnistié en 1951. Il a eu le temps et l,énergie, (qui est un des moteurs capital pour comprendre Céline), d’écrire « Féérie pour une autre fois, D’un château l’autre, Nord, Rigodon ».
Il meurt en 1961.
La puissance de fascination qu’exerce un roman comme « Voyage » n’est pas usée. Elle continue à s’exercer même si l’on est profondément choqué par bagatelles pour un massacre.
Re: Céline
La réception est saluée unanimement par Mauriac, Bernanos, Aragon.
Il a été critiqué par Nizan qui a tout de suite détecté l’ambiance paradoxale dans le roman, et qu’à côté de la pitié pour les hommes, du cri d’alarme lancé à la démocratie, il y avait déjà de la sympathie (non exprimée dans Voyage) à venir pour le fascisme.
L’œuvre est fondamentalement tragique puisque ce qui est traversé c’est toujours la nuit. Cette tragédie vient d’un profond sentiment de culpabilité enraciné dans une conscience chrétienne. Et cette culpabilité c’est de désirer vivre alors que la vie n’est que la nuit. Vision paradoxale car le désir de vivre n’est pas envisagé par Bardamu et par Céline comme une énergie vitale dionysiaque qui porterait vers le monde, mais comme une faute, voire une honte.
Il y a cette vision chrétienne et coupable de la vie humaine, parce que Bardamu dit qu'il se sent en permanence coupable alors qu'il est présenté par le roman comme une victime. Il n'est pas coupable d'un fait, il est coupable d'être né.
Reprise par Céline de l'angoisse au sens pascalie du terme, du spleen baudelairien, qui pourrait engendrer le désir de ne plus bouger0.
Il a été critiqué par Nizan qui a tout de suite détecté l’ambiance paradoxale dans le roman, et qu’à côté de la pitié pour les hommes, du cri d’alarme lancé à la démocratie, il y avait déjà de la sympathie (non exprimée dans Voyage) à venir pour le fascisme.
L’œuvre est fondamentalement tragique puisque ce qui est traversé c’est toujours la nuit. Cette tragédie vient d’un profond sentiment de culpabilité enraciné dans une conscience chrétienne. Et cette culpabilité c’est de désirer vivre alors que la vie n’est que la nuit. Vision paradoxale car le désir de vivre n’est pas envisagé par Bardamu et par Céline comme une énergie vitale dionysiaque qui porterait vers le monde, mais comme une faute, voire une honte.
Il y a cette vision chrétienne et coupable de la vie humaine, parce que Bardamu dit qu'il se sent en permanence coupable alors qu'il est présenté par le roman comme une victime. Il n'est pas coupable d'un fait, il est coupable d'être né.
Reprise par Céline de l'angoisse au sens pascalie du terme, du spleen baudelairien, qui pourrait engendrer le désir de ne plus bouger0.
Re: Céline
je ne crois pas qu'on puisse dire autre chose que
-oui Céline a défendu des idées politiques abominables
-et oui Céline est, avec Proust, à mon avis l'un des 2 + grands écrivains de langue française du XXe siècle
par contre je ne crois pas du tout qu'il déteste ou méprise l'humanité car sa vie comme médecin de dispensaire en témoigne et le Voyage me semble plein de tendresse; je pense plutôt à la chanson "C'est ainsi que les hommes vivent"
-oui Céline a défendu des idées politiques abominables
-et oui Céline est, avec Proust, à mon avis l'un des 2 + grands écrivains de langue française du XXe siècle
par contre je ne crois pas du tout qu'il déteste ou méprise l'humanité car sa vie comme médecin de dispensaire en témoigne et le Voyage me semble plein de tendresse; je pense plutôt à la chanson "C'est ainsi que les hommes vivent"
Re: Céline
On peut mépriser le genre humain par regard avisé sans pour autant être mauvais envers ses congénères, surtout les plus faibles.Sao Mai a écrit:Ce n’est pas tout à fait exact, au travers de « Voyage » Céline exprime une compassion pour les pauvres et les-laissés-pour compte de la société.
Re: Céline
Etaine a écrit:On peut mépriser le genre humain par regard avisé sans pour autant être mauvais envers ses congénères, surtout les plus faibles.Sao Mai a écrit:Ce n’est pas tout à fait exact, au travers de « Voyage » Céline exprime une compassion pour les pauvres et les-laissés-pour compte de la société.
je le vois plus homme de pitié que de mépris, mis à part ses délires politiques
Re: Céline
Les idées de Céline étaient pourtant paradoxales envers les Hommes.sargel38 a écrit:je ne crois pas qu'on puisse dire autre chose que
-oui Céline a défendu des idées politiques abominables
-et oui Céline est, avec Proust, à mon avis l'un des 2 + grands écrivains de langue française du XXe siècle
par contre je ne crois pas du tout qu'il déteste ou méprise l'humanité car sa vie comme médecin de dispensaire en témoigne et le Voyage me semble plein de tendresse; je pense plutôt à la chanson "C'est ainsi que les hommes vivent"
Oui il a soigné, sauvé beaucoup de gens, il a prêté serment et a dit exercer la médecine dans la plus grande douceur, ayant toujours refusé toute forme de violence.
Dans "Voyage au bout de la nuit" il fut le porte-parole des milieux populaires, des laissés-pour-compte, et pourtant, on pouvait déjà entrevoir ses idées sur l'humanité qui furent par la suite plus que controversées quand développées.
Peut-être ai-je été déjà influencée avant cette lecture par ce que je savais de lui.
Mais son caractère n'a pas pour autant terni son talent d'écriture qui est indéniable.
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