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Proust et l’aventure intérieure

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Message n° 11

Proust et l’aventure intérieure  - Page 2 EmptyRe: Proust et l’aventure intérieure

Message par Invité...Jeu 14 Mai 2020 - 14:28


La médiation de l’art va permettre de tirer la réalité vers un type, et entre dans cette dynamique de type scientifique et herméneutique. Lorsqu’il décrit le visage d’Odette de Crécy il y a une tendance à la typologie. A partir d’un visage singulier et une émotion singulière, Swann est amoureux, il faut dresser, à partir du portrait, un type intelligible est clair.

Sans doute y a-t-il déjà chez Proust l’intuition que l’on ne perçoit jamais naïvement quoi que ce soit et que la perception est filtrée par un imaginaire personnel, ou en l’occurrence un musée imaginaire personnel puisque ce sont Botticelli et Giotto qui sont cités comme référent derrière ces portraits.

On retrouve aussi ce phénomène, c’est-à-dire cette idée que je ne perçois, donc je ne me rappelle jamais rien naïvement. Je perçois à travers une représentation qui elle-même est déjà culturelle.

Il y a une même tendance, lorsqu’il décrit une scène, à révéler à la fin de cette scène que, finalement, il décrit un tableau et que la substitution du tableau à la scène s’est opérée parce qu’on ne perçoit jamais ce que l’on a déjà perçu.

Une autre idée aussi est que le texte s’interroge sur le rapport entre ce que l’on perçoit et ce que l’on est capable de comprendre ou de connaître. Il y a des choses qu’on ne voit qu’après avoir compris. La perception est entravée par de multiples obstacles, de multiples empêchements qui rendent la connaissance du réel, au sens où elle serait juste, exhaustive, absolument impossible.

Il n’y a jamais que des hypothèses sur le réel, sur la perception du réel (enseignement très important de la Recherche). L’effort néanmoins vers l’intelligence demeure.

L’impression sensorielle convoque le corps, la recréation par la mémoire d’impressions qu’il faut ensuite éclairer, approfondir, transformer en équivalent d’intelligence. On a  tout le trajet proustien. L’impression qui ne m’est révélée que parce qu’elle est déjà mémorielle et que l’intelligence doit ensuite approfondir et éclairer.

On ne part pas de l’intelligence, on part du corps et ensuite l’intelligence s’empare de ce que le corps lui a révélé.

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Message n° 12

Proust et l’aventure intérieure  - Page 2 EmptyRe: Proust et l’aventure intérieure

Message par Invité...Mar 19 Mai 2020 - 16:35


Cette évocation de déchiffrage est accentuée dans « le temps retrouvé » (par exemple dans la métaphore du hiéroglyphe). Et la conclusion, en fait, de la Recherche est cette phrase : « L’art est ce qu’il y a de plus réel, la plus austère école de la vie et le vrai jugement dernier. »

Donc dimension herméneutique, interprétative, intellectuelle, il s’agit de ne pas se satisfaire de la sensation mais de savoir accueillir la sensation pour réfléchir la sensation. Ce qui est en jeu c’est le statut, l’affranchissement du tragique, l’affranchissement du temps, le fait d’être délivré de la hantise de la mort.

La métaphore en rhétorique est une figure qui désigne le rapprochement immédiat entre un comparé et un comparant. Immédiat c’est-à-dire sans outil lexical de comparaison. C’est un transfert d’un objet à un autre qui n’est pas explicité dans la phrase par l’outil de comparaison : comme, semblable à ... La métaphore est la clé de la stylistique proustienne.

La métaphore, le recours à cette translation de la pensée, dit quelque chose, et ce quelque chose fait partie intégrante du sens. Le langage n’est jamais neutre. La forme est indissociable du fond. Je ne dis pas la même chose quand je recours à la métaphore que quand j’essaie de conceptualiser.

Or, il n’existe pas une sensation chez Proust mais une sensation et un souvenir, c’est-à-dire une sensation et une première sensation à laquelle nous renvoie la seconde. Il y a toujours deux objets, toujours virtuellement du moins, un comparé et un comparant. 

Tout le mouvement de la pensée proustienne est un mouvement de transfert, de rapport, d’analogie entre deux choses. Ce n’est pas une figure ornementale, décorative qui ferait joli dans le texte, c’est consubstantiel au projet proustien parce que pour lui la vérité de sa perception du monde, de la vie psychique, subjective est dans le rapport.

La vérité n’est jamais dans une chose, ni dans le sujet, ni dans l’objet, elle est dans le rapport. Et seule la métaphore qui exprime le rapport, c’est sa vocation en rhétorique, peut accueillir cette vérité.
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Message n° 13

Proust et l’aventure intérieure  - Page 2 EmptyRe: Proust et l’aventure intérieure

Message par Invité...Mer 20 Mai 2020 - 22:29



    Ni la réalité d'une nuit, ni même celle de toute une vie humaine ne peut signifier notre vérité intime. Et il n'y a pas de rêve qui soit totalement un rêve.
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Message n° 14

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Message par Invité...Jeu 21 Mai 2020 - 11:48


Cela pourrait faire un sujet dans la rubrique « philosophie » !
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Message n° 15

Proust et l’aventure intérieure  - Page 2 EmptyRe: Proust et l’aventure intérieure

Message par Invité...Lun 25 Mai 2020 - 16:06


C’est dans « Le temps retrouvé » que l’essentiel du projet proustien s’explicite puisque l’on est au-delà de la révélation.

« Une heure n’est pas qu’une heure. C’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats. Ce que nous appelons la réalité est un certain rapport entre ces sensations et ces souvenirs qui nous entourent simultanément. Rapport unique que l’écrivain doit retrouver pour enchaîner dans sa phrase les deux termes différents. La vérité ne commencera qu’au moment où l’écrivain prendra deux objets différents, et les enfermera dans les anneaux nécessaire d’un beau style. »

La métaphore est la figure qui réussit à dégager, au-delà de la contingences du temps, de l’écoulement de la durée et donc de la métamorphose temporelle, l’essence d’une chose. Elle ne renvoie pas aux apparences des choses, mais elle renvoie à l’essence des choses, parce que l’essence des choses est révélée par le rapport.

C’est le rapport qui permet de quitter le domaine des apparences pour accéder à celui de l’essence. C’est pourquoi la métaphore chez Proust est nettement métaphysicienne.

 Une dernière chose aussi que dit Proust, c’est qu’il s’agit non seulement d’accéder à l’essence des choses, mais il s’agit aussi de sortir du temps, de sortir des phénomènes de l’apparence, mais aussi de percevoir et de sentir l’unité du cosmos. En particulier tout ce que dit Proust de la peinture impressionniste à travers la figure.

Proust voit dans la peinture impressionniste l’impression, or le mot est récurrent sous sa plume, c’est aussi le fait de vouloir présenter l’impression subjective et non pas l’objet, ce qui annule les démarcations.

L’écriture chez Proust ne peut se concevoir sans métaphore.
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Message n° 16

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