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L’envol dans les étoiles
L’envol dans les étoiles
Mallarmé, le poète le plus obscur du mouvement symboliste, taxé poète de l’illisible.
On ne peut rien comprendre, rien percevoir en première lecture. Pour entrer dans la pensée de Mallarmé il ne faut pas nécessairement chercher à la comprendre, il faut l’éprouver comme une jouissance sensible et musicale.
Ce sonnet est souvent appelé sonnet en X.
Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L’Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore
Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d’inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.)
Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,
Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l’oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.
On ne peut rien comprendre, rien percevoir en première lecture. Pour entrer dans la pensée de Mallarmé il ne faut pas nécessairement chercher à la comprendre, il faut l’éprouver comme une jouissance sensible et musicale.
Ce sonnet est souvent appelé sonnet en X.
Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L’Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore
Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d’inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.)
Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,
Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l’oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.
Re: L’envol dans les étoiles
Voilà une bonne description de Mallarmé et de ses poèmes !
L'homme qui voulait redonné la pureté de l'origine des mots.
D'ailleurs lui-même disait :"ce n'est pas avec des idées qu'on fait des vers, c'est avec des mots" mais aussi :"un poème est un mystère dont le lecteur doit chercher la clef".
L'homme qui voulait redonné la pureté de l'origine des mots.
D'ailleurs lui-même disait :"ce n'est pas avec des idées qu'on fait des vers, c'est avec des mots" mais aussi :"un poème est un mystère dont le lecteur doit chercher la clef".
Re: L’envol dans les étoiles
Deux petites citations extraites de « Le Mystère dans les lettres »
« L’écrit, envol tacite d’abstraction reprend ses droits en face de la chute des sons nus : tous deux Musique et lui, imprimant une préalable disjonction, celle de la parole, certainement par l’effroi de fournir aux bavardage. »
« La Musique et les Lettres sont la face alternative ici élargie vers l’obscur ; scintillante là, avec certitude, d’un phénomène, le seul, je l’appelai l’idée. »
« L’écrit, envol tacite d’abstraction reprend ses droits en face de la chute des sons nus : tous deux Musique et lui, imprimant une préalable disjonction, celle de la parole, certainement par l’effroi de fournir aux bavardage. »
« La Musique et les Lettres sont la face alternative ici élargie vers l’obscur ; scintillante là, avec certitude, d’un phénomène, le seul, je l’appelai l’idée. »
Re: L’envol dans les étoiles
C’est un sonnet envoyé à Verlaine. Un coucher de soleil, avec de somptueuses couleurs, décrit par le poète avec toute la nostalgie à la vue de ce soleil disparaissant à l’horizon.
Le coucher du soleil… la mort.
Charles Mauron appelle cela « les métaphores obsédantes ».
Victorieusement fui le suicide beau
Tison de gloire, sang par écume, or, tempête !
Ô rire si là-bas une pourpre s'apprête
A ne tendre royal que mon absent tombeau.
Quoi ! de tout cet éclat pas même le lambeau
S'attarde, il est minuit, à l'ombre qui nous fête
Excepté qu'un trésor présomptueux de tête
Verse son caressé nonchaloir sans flambeau,
La tienne si toujours le délice ! la tienne
Oui seule qui du ciel évanoui retienne
Un peu de puéril triomphe en t'en coiffant
Avec clarté quand sur les coussins tu la poses
Comme un casque guerrier d'impératrice enfant
Dont pour te figurer il tomberait des roses.
Le coucher du soleil… la mort.
Charles Mauron appelle cela « les métaphores obsédantes ».
Victorieusement fui le suicide beau
Tison de gloire, sang par écume, or, tempête !
Ô rire si là-bas une pourpre s'apprête
A ne tendre royal que mon absent tombeau.
Quoi ! de tout cet éclat pas même le lambeau
S'attarde, il est minuit, à l'ombre qui nous fête
Excepté qu'un trésor présomptueux de tête
Verse son caressé nonchaloir sans flambeau,
La tienne si toujours le délice ! la tienne
Oui seule qui du ciel évanoui retienne
Un peu de puéril triomphe en t'en coiffant
Avec clarté quand sur les coussins tu la poses
Comme un casque guerrier d'impératrice enfant
Dont pour te figurer il tomberait des roses.
Re: L’envol dans les étoiles
Guillaume Apollinaire 26 août 1980- 9 novembre 1918
Lou c’est Louise de Coligny dont il s’éprit alors qu’il avait décidé de s’engager dans la guerre.
On retrouve partout cette femme dans le texte, elle envahit l’univers mental du poète.
L’amour et la guerre sont confondus.
Je pense à toi mon Lou ton cœur est ma caserne
Mes sens sont tes chevaux ton souvenir est ma luzerne
Le ciel est plein ce soir de sabres d’éperons
Les canonniers s’en vont dans l’ombre lourds et prompts
Mais près de moi je vois sans cesse ton image
Ta bouche est la blessure ardente du courage
Nos fanfares éclatent dans la nuit comme ta voix
Quand je suis à cheval tu trottes près de moi
Nos 75 sont gracieux comme ton corps
Et tes cheveux sont fauves comme le feu d’un obus
qui éclate au nord
Je t’aime tes mains et mes souvenirs
Font sonner à toute heure une heureuse fanfare
Des soleils tour à tour se prennent à hennir
Nous sommes les bat-flanc sur qui ruent les étoiles
Lou c’est Louise de Coligny dont il s’éprit alors qu’il avait décidé de s’engager dans la guerre.
On retrouve partout cette femme dans le texte, elle envahit l’univers mental du poète.
L’amour et la guerre sont confondus.
Je pense à toi mon Lou ton cœur est ma caserne
Mes sens sont tes chevaux ton souvenir est ma luzerne
Le ciel est plein ce soir de sabres d’éperons
Les canonniers s’en vont dans l’ombre lourds et prompts
Mais près de moi je vois sans cesse ton image
Ta bouche est la blessure ardente du courage
Nos fanfares éclatent dans la nuit comme ta voix
Quand je suis à cheval tu trottes près de moi
Nos 75 sont gracieux comme ton corps
Et tes cheveux sont fauves comme le feu d’un obus
qui éclate au nord
Je t’aime tes mains et mes souvenirs
Font sonner à toute heure une heureuse fanfare
Des soleils tour à tour se prennent à hennir
Nous sommes les bat-flanc sur qui ruent les étoiles
Re: L’envol dans les étoiles
Ce poème de Verlaine est extrait de son recueil Sagesse. Il est écrit en 1873 à la prison de Carmes à Bruxelles. Il est inculpé pour avoir blessé Rimbaud et stigmatisé pour son homosexualité. Il est condamné à deux ans de prison.
L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable.
Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou ?
Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.
Que ne t'endormais-tu, le coude sur la table ?
Pauvre âme pâle, au moins cette eau du puits glacé,
Bois-la. Puis dors après. Allons, tu vois, je reste,
Et je dorloterai les rêves de ta sieste,
Et tu chantonneras comme un enfant bercé.
Midi sonne. De grâce, éloignez-vous, madame.
Il dort. C'est étonnant comme les pas de femme
Résonnent au cerveau des pauvres malheureux.
Midi sonne. J'ai fait arroser dans la chambre.
Va, dors ! L'espoir luit comme un caillou dans un creux.
Ah ! quand refleuriront les roses de septembre !
L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable.
Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou ?
Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.
Que ne t'endormais-tu, le coude sur la table ?
Pauvre âme pâle, au moins cette eau du puits glacé,
Bois-la. Puis dors après. Allons, tu vois, je reste,
Et je dorloterai les rêves de ta sieste,
Et tu chantonneras comme un enfant bercé.
Midi sonne. De grâce, éloignez-vous, madame.
Il dort. C'est étonnant comme les pas de femme
Résonnent au cerveau des pauvres malheureux.
Midi sonne. J'ai fait arroser dans la chambre.
Va, dors ! L'espoir luit comme un caillou dans un creux.
Ah ! quand refleuriront les roses de septembre !
Re: L’envol dans les étoiles
Paul Eluard né à Saint-Denis en 1895- mort à Charenton-le-Pont en 1952.
Dans ce poème il y a suppression de toute référence au terme évoqué laissant au contexte seul la fonction de déchiffrer le code. Par le mot « seins » on découvre qu’il s’agit de la femme, qui est, dans la cosmologie d’Éluard, interchangeable avec la lumière. La femme est lumière.
Une prison découronnée
En plein ciel
Une fenêtre enflammée
Où la foudre montre ses seins
Une nuit toute verte
Nul ne sourit dans cette solitude
Ici le feu dort tout debout
À travers moi.
Dans ce poème il y a suppression de toute référence au terme évoqué laissant au contexte seul la fonction de déchiffrer le code. Par le mot « seins » on découvre qu’il s’agit de la femme, qui est, dans la cosmologie d’Éluard, interchangeable avec la lumière. La femme est lumière.
Une prison découronnée
En plein ciel
Une fenêtre enflammée
Où la foudre montre ses seins
Une nuit toute verte
Nul ne sourit dans cette solitude
Ici le feu dort tout debout
À travers moi.
Re: L’envol dans les étoiles
Jacques Prevert
Je suis allé au marché aux oiseaux
Et j'ai acheté des oiseaux
Pour toi
Mon amour
Je suis allé au marché aux fleurs
Et j'ai acheté des fleurs
Pour toi
Mon amour
Je suis allé au marché à la ferraille
Et j'ai acheté des chaines, de lourdes chaines
Pour toi
Mon amour
Et puis, je suis allé au marché aux esclaves
Et je t'ai cherchée
Mais je ne t'ai pas trouvée
Mon amour.
Je suis allé au marché aux oiseaux
Et j'ai acheté des oiseaux
Pour toi
Mon amour
Je suis allé au marché aux fleurs
Et j'ai acheté des fleurs
Pour toi
Mon amour
Je suis allé au marché à la ferraille
Et j'ai acheté des chaines, de lourdes chaines
Pour toi
Mon amour
Et puis, je suis allé au marché aux esclaves
Et je t'ai cherchée
Mais je ne t'ai pas trouvée
Mon amour.
Re: L’envol dans les étoiles
Gérard de Nerval
El desdichado (Les Chimères
Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.
Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J’ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène…
Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée
El desdichado (Les Chimères
Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.
Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J’ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène…
Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée
Re: L’envol dans les étoiles
Gérard de Nerval fait partie de mes poètes préférés, aussi merci Sao Mai pour ce partageSao Mai a écrit:Gérard de Nerval
El desdichado (Les Chimères
Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.
Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J’ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène…
Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée
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