A propos des violences dites urbaines.

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A propos des violences dites "urbaines".
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Nous partageons ici un texte de Philippe Poutou sur la nuit de la Saint Sylvestre dans des quartiers bordelais.
Suite aux évènements tragiques de cette nuit, où un jeune a trouvé la mort, nous pensons qu'il faut expliquer les racines de la violence et les causes qui l'engendrent.
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" La nuit du 31 décembre est habituellement marquée par des voitures brûlées, des dégradations diverses, ce que certains nomment les « violences urbaines ».
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Pour parler seulement de notre coin, à Bègles, à Pessac et aussi à Bordeaux comme dans le quartier des Aubiers, cette nuit-là fut tendue : un bureau de poste brûlé, un arrêt de tram détruit, une bataille entre policiers et groupes de jeunes s’échangeant tirs de grenades lacrymogènes et de mortiers.
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On peut regretter, s’inquiéter, dénoncer, le fait est que ce sont des situations qui nous dépassent et qui font poser questions.
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Évidement pour les représentants ou syndicats de police ou pour le pouvoir politique en général, la chose est simple, il s’agit de jeunes « émeutiers », de délinquants, de fauteurs de troubles, la réponse ne peut qu’être ferme et pénale, pour « mettre fin à ces agissements », il s’agirait juste de « rétablir l’ordre républicain ».
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C’est vrai que la destruction de services publics, la dégradation de matériel collectif, sont des choses incompréhensibles et désolantes. Les bagarres et les scènes de violence en général sont problématiques.
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Mais sans vouloir les justifier ou les excuser, cela n’a pas de sens, il reste que tout n’est pas si simple. Ni à comprendre ni à expliquer. Pas si simple non plus à trouver les bonnes réponses.
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C’est de fait complexe parce qu’il doit y avoir plusieurs causes, parce que c’est forcément quelque part le résultat d’une situation sociale dégradée, de situations individuelles et collectives souvent difficiles voire dramatiques.
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Il n’y a pas d’explication mécanique mais on peut penser que la crise sociale et économique, que l’aggravation de la pauvreté et de la précarité ne peuvent que provoquer des tensions sociales, des conflits, des confrontations.
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On peut penser que la violence de la société, les brutalités de l’oppression et de l’exploitation, que les humiliations diverses sont autant de causes.
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On peut penser que l’égoïsme des possédants et des fortunés, que l’individualisme cultivé par le monde capitaliste, que la loi de la jungle libérale tant vantée partout, que le mépris du collectif, que le tout permis dès qu’il s’agit de marcher sur les autres pour réussir, tout cela ne peut qu’influencer toutes les couches sociales, y compris les plus écrasées, les plus exclues du système.
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Et c’est ce qui devient finalement le plus insupportable, c’est d’entendre les gens de pouvoir, les privilégiés faire la leçon et condamner.
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Pour eux c’est facile, c’est même un réflexe, un réflexe de classe, celui de condamner les jeunes (ou moins jeunes) des cités, des quartiers populaires, qui galèrent quotidiennement entre chômage et débrouilles individuelles pour vivre, de toute façon ils les méprisent spontanément, alors c’est facile de les écraser ou de les enfoncer encore plus. C’est facile quand on est du côté de la force, des défenseurs d’un ordre social injuste et inégalitaire.
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Car c’est ça leur « ordre républicain », celui des possédants, celui d’une république qui tolère que 300 000 personnes vivent sans abri ou que 10 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté. Cet « ordre républicain » c’est celui du droit d’exploiter, de réprimer, d’enfermer les gens dans des guetos et de punir le « délinquant ». Pas le délinquant d’en haut, pas le banquier ou l’affairiste ou le politicien qui fraude, non pour lui tout est permis ou presque, même dans l’illégalité, mais le délinquant d’en bas, celui qui va voler pour vivre, celui qui va craquer et casser, par désespoir ou parce que brisé.
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La droite, l’extrême droite, les préfets, les responsables policiers, tous ces dominants, tous ces zélés du sécuritaire, ces hypocrites et cyniques défenseurs de l’ordre peuvent crier leur indignation ou leur peur, c’est bien leur république injuste et inégalitaire qui fabrique la « violence urbaine » et plus ils appauvriront et plus ils réprimeront, plus la société sera violente et dégradée.
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Même si elle n’est pas simple, la seule réponse viable est sociale, elle passe par la lutte contre les discriminations, contre le racisme, contre la pauvreté, contre le chômage, pour la vie décente et pour l’égalité des droits pour toute la population, pour le partage des richesses. Pour un monde moins sauvage, plus solidaire et plus collectif.

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pas moyen d'avoir leurs avis, ils fuient le débat.

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