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Le cinéma est politique !

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Message n° 1

Le cinéma est politique ! EmptyLe cinéma est politique !

Message par Invité...Sam 3 Avr 2021 - 8:18


Le cinéma est politique ! Aladdin001
http://www.lecinemaestpolitique.fr/aladdin-1992-disney-au-pays-des-barbares/

Aladdin est un des plus grand succès de Disney, et mérite donc qu’on s’y attarde assez longuement.

Racisme et orientalisme: un cocktail signé Disney


Le film s’ouvre sur une chanson (Arabian Nights) que Disney s’est vu obligé de modifier car la Ligue Arabo-Américaine Contre les Discriminations s’est plainte (plusieurs fois, et sur plusieurs mois) que celle-ci était raciste. Spécifiquement, les paroles qui posaient le plus problème étaient « Where they cut off you ear if they don’t like your face, It’s barbaric but hey, it’s home ».
Ces paroles n’étaient pas la seule chose que La Ligue avait remarquée. Elle avait remarqué que le héros de l’histoire avait un physique étrangement européen alors que le méchant de l’histoire, et même tous les méchants de l’histoire, ont des visages arabes.
Le cinéma est politique ! Aladdin011Cherchez l’intrus…
Autre remarque faite par la Ligue, le portrait de la culture arabe comme étant une culture barbare, sans loi, où les puissants marchent sur les démuniEs et où l’on te coupe la main au premier vol, sans procès ni jury.
[Aux niveaux des références culturelles, Aladdin est en fait une sorte de méli-mélo entre l’Asie, l’Arabie et l’Inde, même si il est assez clair que c’est l’Arabie qui l’emporte dans ce monde « imaginaire et merveilleux » que nous a concocté Disney.]
Le studio a capitulé sur la question des paroles de la chanson[1], notamment parce qu’il avait déjà écrit des paroles de rechange, anticipant qu’il aurait peut-être des problèmes avec les premières (ce qui me parait une belle preuve de cynisme). Cependant, là où Disney n’a pas bronché (car cela voudrait dire renoncer à sortir leur film en vidéo), c’est sur les accusations plus générales d’ethnocentrisme et de racisme.
Aladdin est truffé de stéréotypes et de clichés sur le monde arabe, et ce dès le tout début du film. Le premier personnage que l’on rencontre est un marchant arabe qui arrive en chameau et qui essaye de nous vendre à nous, le spectateur occidental, des marchandises qui soit ne fonctionnent pas soit sont une arnaque risible. Du coup, la caméra commence à se détourner. Et oui, nous les occidentaux ne sommes pas dupes, et cet idiot de marchand nous agace.
 Le cinéma est politique ! Aladdin05Sortir du stéréotype avec Disney
Du coup, pour retenir notre attention, le marchand va nous raconter une histoire d’un jeune homme, « un diamant d’innocence »c’est-à-dire quelqu’un qui sort du lot, qui est au-dessus de ceux qui l’entourent, qui « valait beaucoup plus qu’on ne l’estimait »Ce début de film est en soit d’une violence symbolique fulgurante. Un petit homme arabe essaye de nous divertir en nous souhaitant la bienvenue à Agrabah, « ville de la magie noire » (forcément noire, la magie d’un tel endroit)« d’enchantement »mais surtout ville de la marchandise qu’il veut nous faire gober. Voyant que le spectateur occidental n’est pas intéressé, ce petit marchand comprend qu’il vaudrait mieux leur raconter une histoire de … quelqu’un d’occidental, à savoir Aladdin.
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Message n° 2

Le cinéma est politique ! EmptyAladdin

Message par Invité...Sam 3 Avr 2021 - 8:20


Aladdin offre à son jeune public un panel de représentations extraordinairement limité et stéréotypé en terme de personnages féminins (ou plutôt, personnage féminin au singulier). Qui plus est, si Jasmine propose à certain moments du film une attitude (ou des compétences) potentiellement subversive, c’est pour être immédiatement récupérée par le patriarcat et l’hétéronorme. C’est à mon avis la seule différence entre un personnage tel Jasmine, imaginé en 1992, soit 25 ans après la deuxième vague féministe, et les princesses plus « classiques » de Disney, à savoir cette possibilité de sortir très légèrement et très brièvement du stéréotype, à partir du moment ou au final on s’y soumet complètement. Un autre exemple de cette mécanique serait le personnage de Nala dans Le Roi Lion, dont j’ai parlé ailleurs sur ce site. Cette mécanique est effrayante, car sous couvert d’offrir aux jeunes femmes des représentations plus variées (et donc moins contraignantes) auxquelles elles peuvent s’identifier, ce qui est martelé c’est l’idée que l’identité la plus importante et la plus valorisante pour une femme c’est celle qui la voit coquette, soumise, attirante, séductrice, fragile, souriante, belle, dans les bras d’un homme etc…
Il n’y a ici aucune égalité possible. C’est une ruse du patriarcat, qui doit être dénoncée, combattue et démanteler, aujourd’hui comme demain.
Comme déclara Emma Wilard, « [l’éducation des femmes] a été trop longtemps exclusivement dirigée de manière à satisfaire les hommes et à mettre en avant les charmes de la jeunesse et de la beauté ». Elle continue, «[…] la satisfaction du goût des hommes, quel qu’il puisse être, s'[était] imposé comme l’objectif même de la formation du caractère des femmes. La raison […] nous apprend que nous avons nous aussi une existence autonome et que nous ne sommes pas de simples satellites des hommes. »
Cette citation vient d’une déclaration faite à la législature de New York en… 1819.
Il serait temps de s’y mettre, non?
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Message n° 3

Le cinéma est politique ! EmptyRe: Le cinéma est politique !

Message par Invité...Sam 3 Avr 2021 - 8:38


[size=36]Méchants et méchantes chez Disney (2) : Hommes faibles[/size]








Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-001Si les méchantes sont toujours des femmes fortes, les méchants sont au contraire le plus souvent des hommes faibles. Pas au sens où ils seraient moins redoutables que leurs homologues féminines, mais au sens où ils ne correspondent pas à la norme sexiste qui veut que les hommes soient virils et puissants. En effet, ils sont la plupart du temps efféminés et ne recherchent pas le combat frontal avec le héros.

Pour mémoire, les méchants les plus fameux des « classiques d’animation Disney » sont : Grand Coquin et Stromboli dans Pinocchio, le Capitaine Crochet dans Peter Pan, Shere Khan et Kaa dans Le livre de la jungle, Edgar dans Les Aristochats, Prince Jean dans Robin des Bois,  Professeur Ratigan dans Basil, détective privé, Gaston dans La belle et la bête, Jafar dans Aladdin, Scar dans Le Roi lion, Ratcliffe dans Pocahontas,  Frollo dans Le bossu de Notre-Dame, Hadès dans Hercule, Shan Yu dans Mulan, Clayton dans Tarzan, et le Dr Facilier dans La Princesse et la grenouille.

Une bande d’efféminés



D’un point de vue purement physique, on peut d’abord remarquer que les méchants ne sont pas aussi athlétiques et virils que les héros auxquels ils sont confrontés. Il n’y a qu’à comparer Jafar à Aladdin, Scar à Mufasa/Simba, ou encore Frollo à Quasimodo pour se rendre compte du fossé qui sépare les gentils des méchants. Ces derniers tendent souvent à être soit squelettiques (Jafar, Scar, Frollo, Facilier), soit obèses (Ratigan, Ratcliffe). Dans tous les cas, ils ne possèdent ni les proportions parfaites des héros, ni leur agilité et/ou leur puissance dans l’action[1]. Pour Disney, un homme faible physiquement est nécessairement malade, donc mauvais. 
Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-01Prince Jean sur un trône beaucoup trop grand pour lui

On retrouve la même idée chez le personnage de Scar dans Le Roi Lion
Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-02Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-03

Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-04
Cela renvoie à un signe caractéristique des méchants chez Disney : ils ont souvent des mains fines et des doigts longs (voire crochus). Il suffit de penser par exemple au Dr Facilier dans La Princesse et la grenouille, à Frollo dans Le Bossu de Notre-Dame, ou à Jafar dans Aladdin
Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-05Jafar et ses mains de gonzesse

On pourrait aussi parler de la taille de la moustache, autre détail récurrent par lequel Disney nous informe sur le type de masculinité à laquelle nous avons affaire. Si la grosse moustache est l’apanage des hommes gentils et bienveillants (le plus souvent des pères, comme celui de Jasmine dans Aladdin, celui de Jane dans Tarzan, ou celui de Belle dans La Belle et la bête), la moustache fine est au contraire un signe de fourberie et de méchanceté. En effet, quoi de plus suspect que ce raffinement et cette attention toute féminine à son physique…
Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-06Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-07Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-08Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-09Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-10Montre-moi ta moustache, je te dirai qui tu es


Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-11Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-12Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-13Scar la tapette

Parfois, les méchants vont même jusqu’à se livrer à un numéro de danse totalement inenvisageable pour un héros viril tellement il emprunte aux codes de l’« érotisme féminin ». C’est manifeste par exemple chez Scar, qui roule des épaules, passe sensuellement sa main dans sa longue chevelure, et sautille sur la pointe des pieds, mais aussi chez Ratigan qui multiplie les pointes et n’hésite pas à se lancer dans un émouvant solo à la harpe (comme Duchesse dans Les Aristochats).
Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-14Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-15
Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-16Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-17
En résumé, ces méchants ne sont au final qu’une bande d’efféminés. Tout est fait pour signifier aux spectateurs/trices leur non-conformité aux normes de virilité incarnées par les héros.
Mais comme on l’a dit, certains méchants échappent à cette caractérisation en termes de masculinité déficiente. 

Bouseux, ploucs et usurpateurs



Le personnage de Gaston dans La belle et la bête est un exemple particulièrement éclatant du classisme véhiculé par Disney dans la caractérisation de ses méchants. Gaston est la star de son village. Tous les hommes l’envient et toutes les femmes sont folles de lui.
 Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-18Le fan club de Gaston

Comme le dit la chanson : « Le plus beau, c’est Gaston. Le plus costaud, c’est Gaston. Et personne n’a un cou de taureau comme Gaston / Le plus fort, c’est Gaston. Le plus sport, c’est Gaston. 
Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-19Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-20Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-21« C’est toi le champion, Gaston ! »

Et pourtant, Gaston est un méchant. Mieux, c’est un horrible « macho ». Il déclare par exemple à Belle : « Les femmes ne sont pas faites pour lire. Dès qu’elles ont des idées dans la tête, c’est l’horreur ». Disney semble donc dénoncer ici le sexisme de base qui cherche à réduire les femmes à leur seul physique en leur refusant ainsi l’accès au savoir et à la culture. Le message semble d’autant plus clair que ce discours est mis dans la bouche d’un personnage particulièrement viril et dominateur. 
Malheureusement non, comme on pouvait s’en douter… Car si Gaston est sexiste, si c’est un « macho », c’est avant tout parce que c’est un bouseux, un plouc. Lorsque Belle lui dit qu’il est un « analphabète basique et primaire », il répond (au premier degré) : « Merci du compliment ». L’héroïne en parlera à son père comme d’un individu « grossier, ordinaire, sûr de lui ». Et après l’avoir renvoyé alors qu’il venait la demander en mariage, elle s’exclamera : « Vous vous rendez compte ? Oser me demander d’être sa femme… moi, devenir l’épouse de ce rustre, de ce primaire… ». Plus globalement, c’est le village entier qui est présenté comme un peuple de bouseux incultes aux spectateurs/trices. C’est tout le propos de la chanson inaugurale de Belle, qui dit vouloir « vivre autre chose que cette vie ». Lorsqu’elle tente de parler au boulanger du livre qu’elle vient de dévorer, celui-ci ne l’écoute pas et préfère crier sur sa femme. Tout le monde la trouve étrange et elle-même confie à son père : « J’ai l’impression que je suis différente des autres et je ne peux discuter avec personne ». Dans sa chanson, elle déclare vouloir « tout ce qu’elle n’a pas : un ami qui la comprenne, des livres par centaines, sans s’occuper des gens qui jacassent ». Le choix d’un vocabulaire animalier n’est pas un hasard. Les habitant-e-s de ce village sont en effet plusieurs fois comparé-e-s à des bêtes dans le film, comme pour signifier de manière bien explicite leur sous-humanité.
Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-22Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-23Moutons ou cochons, les bouseux n’y comprennent vraiment rien

Mais le plus bouseux d’entre tou-te-s reste quand même Gaston. Lui qui n’a pas dû ouvrir un seul livre de sa vie, et qui n’en comprend en tout cas pas la valeur puisqu’il pose sans complexe sur eux ses bottes pleines de boue.
Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-24Gaston et la littérature

En concentrant tout le sexisme dans le personnage de Gaston, Disney insinue donc que ce mal ne touche que les gens de basse extraction, les incultes qui ne lisent pas et restent donc dans un obscurantisme moyenâgeux. Sous-entendu : pas de sexisme chez nous, mais seulement chez les « Autres ». Or, n’en déplaise aux membres de la classe dominante, le sexisme (comme le racisme d’ailleurs) n’est pas l’apanage des « pauvres gens », mais il est au contraire de ce point de vue la chose du monde la mieux partagée… Disney se livre donc ici à une dénégation massive qui sera parachevée dans le film avec le portrait complaisant du personnage de la Bête. En effet, malgré son appartenance à la classe supérieure, celui-ci est tout de même odieux avec Belle. Mais le film refusera jusqu’au bout de faire le lien entre ce comportement violent et dominateur envers les femmes et un quelconque système patriarcal. En effet, contrairement à Gaston qui est juste un « macho » inculte, la Bête est la victime tragique d’une terrible malédiction, un être complexe et tourmenté qui, sous son apparence rustre et sauvage, cache un cœur plein d’amour… Dans cette différence de traitement des deux personnages masculins apparaît ainsi en pleine lumière tout le classisme de Disney.
Gaston est un bouseux, c’est entendu. Mais cela suffit-il pour faire de lui un méchant ? Apparemment non, puisqu’il existe chez Disney un grand nombre de personnages n’appartenant pas à la classe dominante et qui sont néanmoins représentés positivement, comme faisant partie des gentils. C’est par exemple le cas de Robin des Bois et ses amis, de Mulan ou encore de Tania dans La princesse et la grenouille. Donc le tort de Gaston au final, ce n’est pas juste d’être un bouseux. Son tort, c’est peut-être alors de vouloir être plus que cela, de se prendre pour ce qu’il n’est pas.
En effet, chez Disney, chacun-e a une place bien déterminée dans l’ordre social. Les pauvres doivent rester pauvres car c’est dans leur nature de pauvres, et les riches rester riches car c’est dans leur nature de riches. Par exemple, dans Robin des bois, le héros et ses ami-e-s ne remettent en question l’ordre établi que pour faire revenir au pouvoir le bon roi (Richard Cœur de Lion) auquel le mauvais roi (Prince Jean) avait tenté de se substituer. Les dominé-e-s n’aspirent donc qu’à une place de dominé-e-s moins douloureuse, mais jamais à sortir du rapport de domination qu’ils/elles subissent. De même, dans Oliver et compagnie, les ami-e-s d’Oliver retournent à la fin tout naturellement dans les bas-fonds après avoir goûté au luxe des quartiers chics. Ou encore, à la fin de Mulan, celle-ci retourne chez elle malgré la proposition de l’empereur de faire partie de son conseil.
Ainsi, les méchants ne sont pas ceux qui appartiennent à la classe dominée, mais ceux qui essaient d’en sortir. Ou plus exactement : ceux qui essaient d’en sortir en employant des moyens « condamnables ». Car l’ascension sociale est parfaitement autorisée dans l’univers Disney, mais sous certaines conditions. Le mieux est d’être choisi par un membre de la classe supérieure. C’est ce qui se passe dans la majorité des cas (par exemple pour Blanche-Neige, Cendrillon, Aladdin, ou encore Clochard dans La belle et le clochard, O’Malley dans Les Aristochats, ou Oliver dans Oliver et compagnie). Mais il est aussi possible d’y parvenir par ses propres moyens, à condition de travailler dur (comme Tania dans La princesse et la grenouille, qui est en même temps choisie par le Prince Naveen) ou de se distinguer par des exploits héroïques (comme O’Malley ou Clochard). Enfin, certains personnages peuvent aussi avoir tout simplement ça dans le sang, et ne faire partie de la classe dominée que par accident. Ceux-ci ne font alors que retrouver leur lieu naturel lorsqu’ils intègrent le monde des privilégiés (c’est le cas par exemple de Moustique dans Merlin l’enchanteur ou de Mowgli dans Le livre de la jungle). Notons que Belle mérite amplement son ascension sociale puisqu’elle cumule toutes ces conditions : au départ d’un naturel inadapté dans l’univers rural de son village, elle subit dans le château des épreuves qu’elle finit par surmonter, et la Bête la choisit finalement pour être sa femme.
En résumé, pour avoir le droit d’accéder à la classe supérieure chez Disney, il faut soit être élu-e, soit le mériter, soit avoir déjà ça dans le sang. Or les méchants ne remplissent aucune de ces trois conditions. Ils cherchent donc à obtenir une place qui ne leur revient pas de droit, et sont par là des êtres fondamentalement mauvais.
Si l’on reprend le cas de Gaston, celui-ci tente en effet de se hisser au-dessus de ses ploucs de congénères en convoitant la main de Belle. Or celle-ci vaut bien plus que cela, déjà princesse en puissance au début de l’histoire comme en témoigne son sentiment d’être comme une étrangère perdue au pays du peuple. Non, Gaston devrait se contenter d’une de ces blondes insipides et décérébrées qui lui tournent autour et de sa place de chef de pacotille d’un peuple d’indécrottables bouseux.
Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-25Gaston à sa place

Beaucoup d’autres méchants chez Disney souffrent du même mal : ils veulent côtoyer les sommets de la hiérarchie sociale alors que leur imbécilité congénitale les condamne à rester en bas de l’échelle. C’est par exemple le cas d’Edgar dans Les Aristochats, des hyènes dans Le Roi lion, de Ratigan qui veut prendre la place de la Reine dans Basil, détective privé, ou encore de Jafar qui veut prendre celle du sultan dans Aladdin[3]. Les méchants de Pinocchio se caractérisent eux aussi par un désir de réussite facile. Grand Coquin s’habille comme un respectable aristocrate alors qu’il gagne son argent grâce à de minables larcins. Et Stromboli correspond à la figure de l’artiste qui gagne sa vie sans travailler, et que le film oppose à l’artisan consciencieux qui mérite son salaire (Geppetto).

Bridés, barbus, et vaudou dans le bayou



Mais cette caractérisation en termes de classe n’est pas la seule qui se substitue parfois au sexisme déterminant habituellement la représentation des méchants chez Disney. En effet, le studio a le bon goût de varier les plaisirs en nous offrant quelques portraits racistes bien sentis. Shan Yu, dans Mulan, en est peut-être le meilleur exemple. Si tous les personnages du film sont censés être asiatiques, l’écart est grand néanmoins entre le faciès des gentils et des méchants. Bizarrement, les gentil-le-s chinois-es ont le teint beaucoup plus rose que les méchants Huns, quant à eux pâles et « jaunissants ». La différence est flagrante si l’on compare par exemple Mulan à Shan Yu.
Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-26Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-27La belle et le bridé

Dans le même ordre d’idées, les yeux des Huns sont beaucoup plus bridés que ceux des chinois. Il est ainsi facile de voir comment Disney occidentalise le faciès des gentils en même temps qu’il orientalise celui des méchants, pour mieux ramener ceux-ci à leur terre barbare d’origine.

Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-28Le cinéma est politique ! M%C3%A9chants-29Les vrais arabes

De même, dans La Princesse et la grenouille, le faciès du Dr Facilier se distingue nettement de celui du héros et de l’héroïne, qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à tous les couples hétérosexuels blancs qui ont fait les grands jours du studio. Par sa pratique du vaudou, ce méchant réactive la face sombre des stéréotypes occidentaux concernant les Noirs, alors que ceux associés aux gentils sont quand à eux beaucoup plus assimilables : Prince Naveen joue du jazz tandis que Tiana cuisine son gumbo et monte sa propre entreprise de restauration où elle accepte bien sûr de servir ses anciens maîtres blancs envers lesquels elle sait se montrer reconnaissante…
De Stromboli et son insupportable accent italien dans Pinocchio aux hyènes afro-américaine et latino du Roi Lion[4], cette galerie de personnages mobilise toujours le même racisme primaire voulant que les méchants sont nécessairement ces « Autres » de « là-bas » qui ne cherchent pas à s’intégrer (ou ne le peuvent même pas tellement ils sont arriérés), tandis que les héros et héroïnes reproduisent indéfiniment le même modèle occidental.
Paul Rigouste

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Le cinéma est politique ! EmptyRe: Le cinéma est politique !

Message par Invité...Sam 3 Avr 2021 - 10:13


excellent  ..  !!  clap1 clap1 clap1 clap1
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Le cinéma est politique ! EmptyRe: Le cinéma est politique !

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